LA TAPISSERIE AU X V°* SIÈCLE . •                      73
oublier cette circonstance critique de sa vie. Aussi, malgré ses préoccupations politiques, ne laissa-t-il jîas.de faire d'importantes commandes aux ateliers d'Arras comme à ceux de Paris.
Ces acquisitions étaient généreusement distribuées aux seigneurs étrangers, surtout aux nobles d'Angleterre, dont le duc de Bour­gogne avait intérêt à se ménager l'alliance.
De pareilles libéralités produisirent le résultat espéré. Dans sa lutte contre .les Liégeois révoltés, Jean sans Peur reçut l'assis­tance d'un corps de douze cents Anglais, commandés, par le comte d'Arundel.
A peine avait-il remporté cet avantage sur les habitants de Liège, .que le duc de Bourgogne s'empressait d'en commander la représentation en tapisserie, comme son père avait fait pour la bataille de Rposebecke. Les actes contemporains nous ont con­servé cles détails précis sur cette pièce historique. Inexécution en. fut confiée à Rtfflard Flaymal, tapissier d'Arras; le prix s'éleva à 3,080 francs d'or, somme énorme pour le temps. Les cinq pièces, dont l'historien de la Bourgogne, dom Plancher, a donné une description d'autant plus précieuse que le monument n'existe plus, mesuraient environ trente mètres de long sur sept pieds ou deux mètres et demi de haut. Pour répondre à l'impatience de son puis­sant client, Rifflard Flaymal s'était hâte de terminer le travail; il était entièrement livré en 1411. On a vu plus haut que, d'après l'inventaire de Philippe le Bon, dressé en 1420, cette suite comp­tait alors stx pièces. Est-ce le scribe chargé de la rédaction de l'inventaire qui aura commis une erreur? Ou bien un des sujets, trop large au début, aurait-il été partagé en deux morceaux, sui­vant une pratique alors fort usitée? Nous ne saurions le dire. Tous les témoignages contemporains s'accordent à dire que la tenture se composait de cinq pièces seulement.
On a pu dresser, à l'aide des registres aux bourgeois de la ville d'Arras, une liste de soixante-dix tapissiers, que d'autres docu­ments permettent de grossir d'une vingtaine de noms. Mais ces re­gistres ne fournissent aucun détail sur les œuvres des artisans cités. Les archives de Dijon et de Lille sont plus explicites sur les travaux exécutés pour les ducs de Bourgogne pendant le cours du xv" siècle. C'est donc à ces archives que nous devons la meil­leure partie des renseignements qui vont suivre. En 1420, le duc Philippe fait délivrer à la veuve de Guy de